vendredi 20 janvier 2017

Cuverville 
(Canton des Andelys - Département de l'Eure) : 
Une église des XIe et XIIe siècles.

L'église Saint-Pierre à Cuverville avait jusqu'alors attiré l'intérêt des historiens de l'art pour son Chœur édifié au XIIe siècle dans un style roman tardif. C'est notamment pour cette raison que seule cette partie de l'édifice ainsi que le cocher avait été inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1933. Jusqu'alors, la nef n’avait pas attiré l'attention. Les rares descriptions et analyses architecturales de cette partie de ce bâtiment étaient très laconiques et dataient cette construction d'un remaniement du XVIIIe siècle.
Or, des observations nouvelles permises par des recherches récentes sur les édifices romans, nous permettent de penser que la nef de l'église de Cuverville est bien antérieure au chœur et elle peut être rattachée aux constructions romanes précoces construites à l'aube du XIe siècle (1).


1- Origines de l'église.
La première mention de l'église de Cuverville est relativement ancienne. En effet, une charte de Robert le Magnifique datée entre 1028 et 1033, nous fait état de la restitution à la Cathédrale de Rouen de douze hôtes et de l’église de Cuverville (Culvertivilla) (2).
Ce texte est très intéressant à plusieurs égards. D’une part, il mentionne l’existence d’une église à Cuverville dès le début du XIe siècle. D'autre part, cette charte confirme la forte implantation de la cathédrale de Rouen dans cette partie occidentale du Vexin et peut-être dès le haut Moyen Age.
Un autre texte contemporain (1028-1033) confirme cette restitution (3).
2- La nef, une construction romane précoce.
Souvent considérée comme une construction du XVIIIe siècle, la nef de l’église de Cuverville n’a pas retenu l’attention des historiens de l’Art et des archéologues du bâti. Il faut reconnaître que les façades nord et le pignon ouest de cette partie de ce bâtiment ont été complètement remaniés voire défigurés.
En revanche le mur sud a conservé des caractéristiques romanes précoces et sa construction est certainement antérieure à celle de chœur et pourrait remonter à la première moitié du XIe siècle.
Tout d’abord c’est une construction maçonnée en petits silex disposés en épi (opus spicatum) et en assises régulières horizontales.
Par ailleurs ce mur n‘est raidi par aucun contrefort.
Enfin, il subsiste encore une petite fenêtre très étroite en arc de plein contre surmontée par un linteau monolithe. Cette ouverture ne dispose à la base d’aucune pierre d’appui.
Ces différentes caractéristiques se retrouvent dans des édifices que nous datons maintenant entre la seconde moitié du Xe et la première moitié du XIe siècle. On peut comparer cette architecture à celle des églises de Pierre Ronde (Commune de Mesnil-en-Ouche, Département de l’Eure) ou de Romilly (Département de l’Eure). Pierre Ronde a été datée par radiocarbone de 974 +/- 30 ans. La construction de Romilly est estimée antérieure à 1040, grâce à la fouille de l’église Saint-Crépin trouvée à proximité.
3- Le chœur une construction romane tardive rare pour la Normandie.
Le chœur de l’église de Cuverville est assez exceptionnel pour la Normandie. En effet, nous ‘avons que très peu de chevet à trois pans coupés romans pour notre région. En revanche ce type de dispositif est un peu plus fréquent en Ile-de-France ou dans le Vexin Français (Département de l’Oise et du Val-d’Oise).

On pourrait peut-être y voir une influence française à une époque où le Vexin est alternativement sous domination Normande ou française.
Les chapiteaux du chœur confirment cette influence francilienne et une datation de cette partie de l'église du deuxième quart ou du milieu du XIIe siècle.

Nicolas Wasylyszyn
________________________________________________
(1) Nicolas Wasylyszyn, http://premier-age-roman-normand.blogspot.fr/…/inventaire-e…
(2) Marie Fauroux, Recueil des Actes des ducs de Normandie (911-1066), Société des Antiquaires de Normandie, Caen, 1961, Texte 66, pp. 197-201.
(3) Marie Fauroux, Recueil des Actes des ducs de Normandie (911-1066), Société des Antiquaires de Normandie, Caen, 1961, Texte 67, pp. 201- 203.

























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire